Groupe aéronaval
Un groupe aéronaval (GAN), en anglais Carrier Vessel Battle Group (CVBG) ou Carrier Strike Group (CVSG), est un groupe de combat naval articulé autour d'un porte-avions. Les groupes aéronavals représentent une part importante des capacités de projection de puissance militaire des pays dont les marines sont dotées de porte-avions. Il s'agit d'un "outil militaire qui permet à son détenteur de figurer parmi les grandes puissances"[1].
L'US Navy (qui possède 11 porte-avions) déploie en permanence quatre ou cinq groupes aéronavals opérationnels (dans l'océan Atlantique, en Méditerranée, dans l'océan Pacifique, dans l'océan Indien ou dans le golfe Persique).
La Marine nationale française peut mettre en œuvre un groupe aéronaval autour du porte-avions Charles de Gaulle.
Missions
[modifier | modifier le code]Le groupe aéronaval peut être employé pour différentes missions :
- pour l'attaque d'objectif terrestre avec l'aviation d'assaut embarquée et des missiles de croisière ;
- en protection du trafic commercial ou de convois militaires ;
- en appui et protection d'une opération amphibie ;
- pour établir une supériorité aérienne sur une zone en coopération avec des forces aériennes basées à terre ;
- pour assurer une présence navale dans la gestion politique d'une crise.
- pour faire de la lutte anti-navire
- pour assurer la dissuasion nucléaire
Un groupe aéronaval n'a donc pas une composition prédéterminée ; il est formé et dissous en fonction des circonstances.
Articulation
[modifier | modifier le code]Outre le porte-avions et son groupe aérien embarqué (dont la composition dépend également de la mission et qui sont aux États-Unis appelés actuellement Carrier Air Wing), il comprend en général :
- une escorte contre les menaces aériennes ;
- une escorte contre les menaces sous-marines ;
- un navire ravitailleur pour le ravitaillement en vivres, en combustible des bâtiments à propulsion classique, en carburant aviation et en munitions du porte-avions ;
- un sous-marin nucléaire d'attaque pour la lutte anti-navires et anti-sous-marine.
Structure américaine
[modifier | modifier le code]Dans l'US Navy, une force opérationnelle, appelée Carrier strike group, comprend actuellement :
- un porte-avions nucléaire ;
- un (ou deux) croiseur de la classe Ticonderoga Aegis lance-missiles pour la défense anti-aérienne et l'attaque d'objectifs terrestres par missiles de croisière ;
- deux ou trois destroyers de la classe Arleigh Burke, qui sont polyvalents. Ils sont équipés également du système Aegis ;
- un navire ravitailleur pour le ravitaillement en vivres, en combustible des bâtiments à propulsion classique, en carburant aviation et en munitions du porte-avions ;
- jusqu'à deux sous-marins nucléaires d'attaque pour la lutte anti-navires et anti-sous-marine, souvent de la classe Los Angeles ou Virginia.
Structure française
[modifier | modifier le code]La Marine nationale peut réaliser depuis 1994 ce groupe aéronaval :
- le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle ;
- un sous-marin nucléaire d'attaque (SNA) de classe Suffren ou de classe Rubis ;
- deux frégates de lutte anti-sous-marine de classe Aquitaine ;
- une ou deux frégates anti-aériennes de classe Horizon ou de classe Aquitaine dans sa variante FREMM DA (frégate multi-missions à capacité de défense aérienne renforcée) ;
- un bâtiment escorteur polyvalent, habituellement un bâtiment de classe La Fayette ou un navire allié, il occupe souvant un role d'eclaireur en avant du groupe ou entre le groupe et le côte ;
- un pétrolier ravitailleur de classe Jacques Chevallier, ou de classe Durance ;
- Jusqu’à 40 avions de combat Rafale Marine embarqués à bord du porte-avions ;
- Deux avions radar de surveillance type Grumman E-2 Hawkeye embarqués à bord du porte-avions ;
- Un avion de renseignement et de lutte anti-sous-marine de type Atlantique 2 (ATL2) ;
- Des hélicoptères de type NH90 et Dauphin embarqués à bord des différents navires[2].
À la fin des années 1970, les opérations Saphir ont été l'occasion d'un groupe aéronaval autour du Clemenceau, vers le golfe d'Aden (jusqu'à dix-sept navires français)[3].
Historique
[modifier | modifier le code]Les groupes aéronavals ont été constitués pour la première fois pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils comportaient alors un bien plus grand nombre de bâtiments qu'aujourd'hui. Ce conflit a aussi connu les seules batailles à ce jour entre groupes aéronavals, comme dans la bataille de Midway où le Kidô Butai, la formation aéronavale de la marine impériale japonaise perd quatre porte-avions.
Pendant la guerre froide, leur principal rôle dans un affrontement Est-Ouest aurait été la protection des convois dans l'Atlantique Nord et empêcher la sortie de la marine soviétique de la mer de Norvège. Cette dernière aurait probablement tenté d'utiliser son importante puissance de feu en missiles antinavires et ses nombreux sous-marins pour détruire les groupes aéronavals occidentaux.
Cette utilisation des missiles anti-navires contre un groupe aéronaval a également représenté le principal effort de la marine argentine contre la Royal Navy pendant la guerre des Malouines.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Omer Aury, « GAN, concentré de puissance », Cols Bleus, , p. 16-25 (ISSN 0010-1834, lire en ligne)
- Marine nationale, « Infographie du groupe aéronaval », sur twitter.com, (consulté le ).
- Laurent Suteau, « l’opération Saphir II et l’indépendance de Djibouti », sur institut-strategie.fr, (consulté le ).
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Les forces de surface sur le site de la Marine nationale